Cher Parrain
Avec toi, je reprends les chemins sablonneux de la forêt landaise tandis que le vent chahute les cimes et fait grincer les troncs. Ces chemins sinueux bordés de fougères et de bruyères. L’Océan n’est pas loin, et les tempêtes qui s’y déversent parfois rendent le ciel tout bleu roy…c’était notre inquiétude enfants après un soir d’orage, d’humer l’air le lendemain au petit déjeuner pour savoir si…si ça sera un beau jour de plage sans drapeau rouge ! Ah la hantise du drapeau rouge – un vrai pirate qui sabordait les espoirs des petits matelots !
Avec toi, nos pieds foulant le sable de la dune, c’est l’or des genêts et des ajoncs que je revois, le chardon qui pique si on n’y prend garde, les oyats, ces élégants si fins toujours penchés et le ciel acier sur l’Océan vert bouteille mais aussi ces couchers de soleil dont on ne se lasse jamais…
Et puis des souvenirs fugaces comme un chevreuil distrait au milieu des pins, un galet peint - c’était une avocette je crois que j’avais choisi comme sujet -, le disco mobile de Vieille St Girons à l’adolescence, les mimosas de Camin Arriou, les chahuts de cette tribu d’enfants de tout âge, les araignées « gigantesques » qui rentraient le soir à la fraîcheur des derniers jours d’août en bas ( j’en ai toujours une sainte horreur tu sais mais j’ai fait de sacré progrès !), ton accueil toujours souriant, toujours dans l’humour, toujours dans le calme…
Tu l’as enfin retrouvé ce calme…
Je viens de lire ce matin dans Etincelles de François Cassingenay-Trévedy : « Chaque être cher qui nous quitte est un peu de nous, un pas de nous qui s’en va, déjà vers l’éternité ».
C’est vrai et faux à la fois. Une part de moi est partie avec toi mais une autre s’est ravivée, cette part profonde d’enfance qui, elle, ne s’effacera jamais…
Cette part que je porte toujours au fond de mon cœur même en Isère. (Moi qui rêvais de revenir m’installer, je crois que je me suis un peu perdue. Vrai, je n’ai aucun sens de l’orientation !)
Qui revient dans mes poèmes que je signe Mouette ( tu m’avais aussi donnée la traduction gasconne des mouettes « lous mayouns »).
Jusque dans le prénom d’une de mes jumelles que j’ai appelé Maïlys ; je tenais à léguer à une de mes filles un souvenir de cet endroit que je chéris ; tu m’avais donné la bonne orthographe.
Parrain, c’est un lien un peu particulier ; plus qu’un oncle, tu étais Celui qui à la seule pensée me reliait à tous ces souvenirs que je viens de t’égrener.
Je suis fière que tu aies accepté d’être mon parrain. Je suis partie loin mais je ne t’ai jamais oublié.
Sois en paix, beaucoup de personnes t’accompagnent de leur amour…
Le 26 août 2015 © Mouette